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eau & ressources
Introduction
Le prix de l'eau - Extraits du livre de Françoise Nowak - Editions Economica - 1995 (mise en ligne en décembre 2002)
L'industrie des agrumes prospère dans le désert saoudien (février 2002)
Les collectivités se mobilisent pour sauver le grand lac du Cambodge (2002)
"Parole de terre" ou quand les hommes comprenaient la terre (2001)
Limagne noire ou de l'usage des eaux usées pour l'irrigation (France) (2001)
Point pays : : Algérie ; Tunisie ; Turquie
Les contraintes à la gestion intégrée des ressources en eau dans les pays en développement : Cas du Sénégal Dr. Aissatou Thioubou
Mise en ligne juin 2002
Quelques informations sur le Sénégal
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Dr. Aissatou Thioubou
Mme Thioubou est sénégalaise. Elle est actuellement en stage post doctoral sur le développement durable au sein de l'association Agora 21, à Saint-Etienne, sur le thème "Développement durable dans les pays francophones : collecte de bonnes pratiques, résumés des contributions des pays francophones au Sommet de Johannesburg, NEPAD" (NEPAD = Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique).
Elle a réalisé la majeure partie de ses études au Sénégal. Elle est notamment titulaire d'une thèse en géographie soutenue en Allemagne.
Mme Thioubou a également publié sur internet : "Femmes et utilisation des ressources naturelles au Sahel"
Introduction
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Paysage verdoyant en saison des pluies dans la région de Thiès (zone géographique face à l'océan l'Atlantique). |
Dans la perspective du Sommet Mondial sur le Développement Durable qui se déroulera à Johannesburg dans les prochaines semaines afin de dresser le bilan de dix années d'actions en faveur de l'Agenda 21 adopté à Rio lors du Sommet de la Terre, il est plus que d'actualité pour les pays en développement de réfléchir sur une problématique aussi cruciale que l'eau. L'eau pose un problème transversal parce que présent dans tous les secteurs la vie. Elle est fondement de la vie, mais aussi instrument de travail pour les pays pauvres où le secteur agricole continue d'être le secteur qui occupe la majorité de la population active.
Récemment dans un discours lu par Mme Nane Annan lors de son passage au Musée Américain de l'Histoire Naturelle le 14 Mai 2002, le Secrétaire Général de l'ONU Monsieur Koffi Annan rappelait les cinq domaines qui vont être abordés lors du Sommet de Johannesburg et pour lesquels "des résultats concrets sont à la fois essentiels et réalisables" (www.jonannesburgsummit.org/html/whats_new/feature_story.html). Le premier de ces cinq domaines est celui de l'eau (suivi de l'énergie, de la santé, de la productivité agricole et de la biodiversité et de la gestion des écosystèmes). C'est dire l'importance des enjeux qui y sont liés.
Le but de ce papier est de servir de discussion sur les obstacles à la gestion durable des ressources en eau et sur les changements à opérer en vue d'améliorer la situation, à quelques semaines de l'échéance de Johannesburg. Le Sénégal sert ici d'exemple.
Les enjeux autour de la gestion intégrée des ressources en eau
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Ouvrage de captage des eaux de ruissellement dans la réserve naturelle de Popenguine. Ce stockage saisonnier d'eau de ruissellement est destiné à fournir de l'eau aux oiseaux migrateurs. |
On note plusieurs types de définitions. Il y a cependant un consensus selon lequel la gestion intégrée des ressources en eau est une gestion durable des ressources qui tienne compte des " aspects écologique, économique et social" (BMZ, 1999). Dans le chapitre 18 de l'Agenda 21, la gestion intégrée est " basée sur la perception de l eau comme une partie intégrante des écosystèmes, une ressource naturelle, un bien économique et social, dont la quantité et la qualité déterminent son utilisation " (UNSD, 1999). Par conséquent, les programmes de gestion doivent faire partie intégrante du processus de développement. Cela signifie que le secteur de l'eau ne doit pas être considéré comme un secteur isolé. Son interaction avec les autres secteurs de développement (agriculture, industrie, pêche, éducation, santé...) doit être prise en considération. Atteindre cet objectif nécessite la participation de " ceux qui ont en charge l'allocation des ressources et de leur utilisation, la gestion de l'eau, de la terre et des ressources apparentées " (Commonwealth, 1999). Aussi bien au niveau national qu'au niveau international (dans le cas des bassins transfrontaliers), le recours à des méthodes participatives dans la gestion des ressources en eau présente l'avantage de créer un forum où tous les problèmes y afférent sont examinés.
Dans les pays sahéliens, les préconditions à la gestion intégrée des ressources ne sont pas toujours remplies. Beaucoup de contraintes sont notées, qui rendent l'objectif de gestion intégrée des ressources eau difficile à atteindre.
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Les contraintes à la gestion intégrée des ressources en eau
Contraintes d'ordre légal et institutionnel
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Le Ndougoumou est la seule rivière permanente de la communauté rurale de Diass. En saison sèche elle est un enjeu important pour les pratiques agricoles et l'élevage. |
L'approche sectorielle du développement telle qu'elle est pratiquée dans les pays en développement n'est pas favorable à une gestion intégrée des ressources : chaque ministère garde une certaine autonomie et élabore des politiques et des lois en fonction de ses propres intérêts. Des structures de coordination de ces politiques sont quasi inexistantes. De ce fait, des contradictions ne sont pas rares. En prenant l'exemple du Sénégal, l'on se rend compte que la loi sur laquelle l'on s'appuie pour gérer les ressources en terre - communément appelée loi 64-46 sur le domaine national du 17 Juin 1964) - présente de nombreuses ambiguïtés. Elle stipule en effet que la "terre appartient à celui qui la met en valeur". Or, l'élevage et le reboisement ne sont pas considérés comme une forme de mise en valeur viable, ce qui du coup limite l'accès des éleveurs à l'eau et au pâturage et compromet la protection des bassins versants qui elle, figure en bonne place dans le code forestier. Ce texte constitue également une source de conflits entre agriculteurs et éleveurs, les premiers ayant les pleins droits sur l'utilisation des ressources, tandis que les seconds se voient relégués sur des espaces limités et en général sans aucun intérêt. Dans le Nord du pays, le long du fleuve Sénégal, qui est par essence le domaine des peulhs, spécialisés dans l'élevage (nomade aussi), mais aussi une zone agricole par excellence, cet imbroglio juridique crée un conflit des acteurs qui dessert remarquablement les objectifs de faire de cette région le "grenier du Sénégal".
Un autre exemple qui illustre bien cette problématique est donné par le Centre de Suivi Ecologique (CSE, 1999). La politique agricole du Sénégal adoptée entre 1960 et 1980 avait pour objectifs de moderniser le secteur agricole et d'accroître la production des cultures de rente (de l'arachide notamment). De larges surfaces ont été défrichées à cette fin. Cependant, des mesures de protection des terres n'ayant pas été prises en parallèle, d'autant que ce sont des cultures qui ont un pouvoir de dégradation des sols assez élevé, cela s'est traduit par la dégradation intense des ressources naturelles, dégradation qui a largement contribué à l'extension du phénomène de désertification.
La mise en place d'une structure horizontale de coordination de tous les projets et programmes susceptibles d'avoir un impact sur les ressources, aussi bien d'un point de vue de la qualité que de la quantité et qui contribuera à améliorer l'aspect légal de la gestion des ressources en eau en particulier et des ressources naturelles en général est plus que d'actualité. Un Conseil Supérieur de l'Eau a été crée dans les dernières années. Son action ne peut cependant bénéfique que lorsque tous les acteurs impliqués dans la gestion de l'eau seront amenés à prendre part activement au processus de prise de décision de cet organe.
Un autre aspect concerne le droit de l'eau. Dans les pays en développement, les textes ne sont pas en général adaptés au contexte local du pays dans lequel ils sont appliqués. Il s'agit en général de lois "importées" des pays développés et copiées sans pour autant qu'une adaptation au contexte aussi bien socio-économique que culturel ne soit opéré. Les autorités en charge de cette question n'innovent pas très souvent dans la conception des lois et règlements qui doivent régir la gestion des ressources naturelles, et comme le souligne le Professeur Francesco Di Castri du CNRS, "innover, ce n'est pas copier l'innovation des autres" (communication orale, Mars 2002).
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Ampleur de l'érosion linéaire à Ndayane, région de Thiès. |
La non prise en compte de l'aspect culturel dans la conception de ces lois est à l'origine du conflit que l'on observe souvent entre les lois traditionnelles qui relèvent de coutumes ancestrales et dans lesquelles les populations locales se reconnaissent, et celles issues du droit positif, qui ont été pour la plupart à l'origine esquissées par le colon et qui continuent d'être appliquées sans que les réalités du pays ou de la région concernée ne soient prises en compte. Prenons le cas des privatisations qui interviennent de plus en plus dans le secteur de l'eau des pays en développement. Elles sont menées suivant des logiques strictement financières, ce qui a pour conséquence d'exclure la majorité de la population, pauvre et sans ressources qui n'a pas les moyens de s'offrir un branchement au réseau national ou de creuser un puits. L'on ne s'étonne donc pas que l'accès à l'eau potable dans ces pays soit limité à une petite frange de la population. Là également, l'intervention des ONG est à souligner puisqu'elles les populations défavorisées à s'organiser pour se prendre en charge et pouvoir creuser des puits ou installer des bornes fontaines.
Enfin, le rôle des femmes dans la gestion des ressources en eau pour un développement durable n'est pas suffisamment mis en exergue dans les politiques mises en place. Pourtant dans beaucoup de civilisations africaines et asiatiques, l'eau est essentiellement sous la responsabilité des femmes : la collecte (ce qui fait qu'elles sont les premières touchées en cas de pénurie), le contrôle de qualité, la conservation entre autres relèvent exclusivement de leurs attributions. De ce point de vue, l'on devine aisément le rôle qu'elles sont amenées à jouer en matière d'éducation et de sensibilisation sur l'utilisation rationnelle et durable des ressources.
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Les contraintes politiques
Le phénomène de désertification touche en premier les pays pauvres. Ce sont également des pays où la démocratie est souvent encore à l'état de balbutiement et où la corruption et la malgouvernance se vivent au quotidien. La rareté des ressources qui fait partie du vécu quotidien des populations fait de l'eau une arme électorale. Au Sénégal par exemple, sous l'ancien régime, les plus grands projets dans le domaine de l'eau (construction de barrages, revitalisation des vallées fossiles, canal du Cayor) étaient classés comme " grands projets du septennat du chef de l'Etat ". De ce fait, dans le cas du projet du barrage de Diama (et de celui des vallées fossiles), les mises en garde des environnementalistes sur les impacts potentiels du projet n'ont pas été entendues, la portée politique l'emportant sur toute autre considération.
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Cette photo d'un manguier montre très clairement l'ampleur de l'érosion hydrique, région de Thiès. |
Un autre type d'obstacle politique à la gestion intégrée des ressources en eau est lié à la centralisation du pouvoir de décision. Dans beaucoup de pays, le système est conçu de sorte que la prise de décision est concentrée entre les mains d'une minorité qui impose ses vues à une majorité de citoyens qui est contrainte d'appliquer les lois. Cette approche dite " up-down ", littéralement du haut vers le bas a contribué pour beaucoup au retard accusé dans le décollage de ces pays.
Le Sénégal a adopté une loi de décentralisation (loi n° 96-07 du 22 Mars 1996) qui a permis d'opérer un transfert de compétences aux différentes subdivisions administratives du pays. Malheureusement, ce transfert de compétences ne s'est pas accompagné du renforcement des capacités financières des régions, ce qui ne leur permet pas de mener à bien leurs politiques. Cela a largement contribué à limiter leur autonomie. Dans le même temps, l'Etat se désengageait de plusieurs secteurs de développement durable au profit de structures privées. Ainsi, dans le domaine de l'irrigation, on a assisté à la suppression de l'office national d'irrigation au profit de petites organisations paysannes locales qui ont ainsi acquis un droit de contrôle sur les structures hydro-agricoles. Cette initiative signifie pour les paysans plus de responsabilité et plus d'autonomie. Cependant, ils n'ont pas été suffisamment préparés à faire face à cette nouvelle situation. Ils n'avaient pas la formation requise en gestion d'entreprise, en maintenance et en gestion de l'eau, ce qui fait que c'est toute la filière agricole qui était ainsi menacée.
Ces exemples prouvent la nécessité de renforcer la démocratie à la base car c'est le meilleur moyen de faciliter la participation active des communautés locales dans le processus de prise de décision en faveur d'une gestion équilibrée des ressources et du développement durable. Pour cela, la formation et l'éducation des populations doivent être un impératif.
Un manque de vision caractérise aussi la plupart des programmes appliqués. Les solutions proposées afin de résoudre le déficit en eau se placent dans le court terme et sont destinées à répondre à des situations urgentes. En d'autres termes, on s'attaque davantage aux symptômes de la désertification et du manque d'eau qui en résulte, plutôt qu'à ses causes réelles. La résolution des problèmes liés à l'inondation et à l'érosion hydrique se limite à la construction d'infrastructures à la veille de la saison des pluies. L'aspect préventif, qui joue un rôle crucial est négligé. Un changement des méthodes de travail est souhaitable . Il s'agit d'adopter une choix de gestion durable de ces problèmes qui intègre l'ensemble des facteurs en jeu, qu'ils soient d'ordre politique, socio-économique ou environnemental, mais aussi qui associe l'ensemble des acteurs et à tous les niveaux.
Les contraintes techniques
Le transfert de technologie
Particulièrement dans le secteur de l'hydraulique rurale, l'importation de technologies non appropriées n'est pas un fait rare. Cela pose des problèmes de maintenance des ouvrages. Lorsqu'ils tombent en panne après une certaine période de fonctionnement, ils sont tout simplement abandonnés pour deux raisons : d'abord les pièces détachées nécessaires à la réparation sont introuvables sur place et les commander dans le pays de fabrication suppose des moyens exorbitants pour ces populations là et ensuite, il y a pas de techniciens sur place capables de procéder aux réparations. C'est un frein à l'atteinte de l'objectif de l'alimentation en eau pour tous. La meilleure alternative est donc d'adapter les technologies aux réalités des pays. Il existe dans ceux-ci des techniques traditionnelles d'exploitation et de gestion de l'eau qui ne demandent qu'à être améliorées. Ce savoir local doit être mis en valeur de manière rationnelle, afin de permettre l'optimisation de l'exploitation et de l'utilisation des ressources. D'un autre côté, les populations locales doivent être sensibilisées et formées (en maintenance, gestion et monitoring) et impliquées dans la gestion des structures. Plusieurs expériences ont été menées qui démontrent que la participation active des populations dans ce domaine est un gage de succès.
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Le manque de données
La mise en œuvre d'une approche de gestion intégrée des ressources en eau suppose une bonne connaissance des facteurs physiques, socio-économiques et culturels qui influencent ou contrôlent l'état de la ressource. Un travail de diagnostic doit être mené afin d'évaluer entre autres le potentiel en eau, d'identifier les opportunités et les contraintes à la gestion et de déterminer les conditions d'aménagement et de gestion optimales. Cela suppose l'existence de données fiables sur lesquelles s'appuyer. Or, dans les pays en développement, ce combat est loin d'être gagné, ce d'autant que les activités de recherche souffrent d'un défaut de coordination. Dans le cas spécifique du Sénégal, les études hydrologiques se concentrent sur la vallée du fleuve Sénégal et dans une moindre mesure sur celle de la Casamance. Il existe pourtant une pléthore de petits bassins versants qui mériteraient des investigations, parce que les petites rivières qui les drainent sont le fondement de la vie économique de ces contrées agricoles.
Par ailleurs, les articulations entre la recherche et les impératifs de développement ne sont pas bien distinctes. La manière dont la planification des projets est menée ne promeut pas l'échange d'informations entre les divers acteurs. Ainsi, la prise en compte des résultats de la recherche sur les contraintes liées à la construction du barrage de Diama sur le fleuve Sénégal aurait sûrement permis de minimiser les effets que sont les inondations, la modification et la dégradation des hydrosystèmes.
Les contraintes socio-économiques
La pauvreté
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Termitière dans la région de Thiès Les termites constituent un fléau pour les agriculteurs : elles attaquent les clôtures en bois ; les paysans ont trouvé une parade en plantant des haies vivantes à Euphorbia balsamifera, qui est une espèce d'arbuste très résistant. |
La relation entre pauvreté et environnement ne sera pas discutée ici. Soulignons simplement que la pauvreté est une cause importante de dégradation des ressources naturelles. A cause de la faiblesse des revenus que génère l'agriculture, les paysans ont obligés d'exploiter de plus en plus de terres, y compris les plus marginales. La dégradation des ressources qui en découle accentue la désertification. Dans ces bassins versants ainsi dénudés, érosion hydrique (et éolienne) et inondations viennent renforcer le spectacle de désolation.
La pauvreté explique également le faible taux de connexion aux réseaux de distribution d'eau potable, ce qui oblige les populations à recourir à de l'eau non potable. De plus, à cause des coûts exorbitants de connexion au réseau d'assainissement, des alternatives à moindre coût sont trouvées pour évacuer localement les eaux usées, avec ce que cela comporte de risque de contamination des eaux souterraines et de surface et donc sur la santé.
L'analphabétisme
Quand dans un pays le taux d'analphabétisme dépasse les 60 % de la population, il est alors difficile de faire respecter les lois et règlements qui sont eux rédigés dans un langue qui s'apprend à l'école. Méconnus, ils sont constamment violés par ceux qui sont sensés les appliquer.
De plus, parce que l'accès à l'information est très limité, il est impossible pour ces populations de suivre et de contrôler les activités des autorités locales dans le domaine de la gestion intégrée des ressources en eau. De gros efforts doivent être entrepris afin de relever le niveau d'éducation, d'information et de formation des populations. Sans cela, le développement durable ne se fera pas.
NEPAD et gestion des ressources en eau en Afrique
Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique ou NEPAD est, à l'origine, une initiative de cinq chefs d'Etat africains (du Sénégal, de l'Afrique du Sud, du Nigeria, de l'Algérie et de l'Egypte) qui se sont concertés pour proposer des solutions de sortie de crise pour le continent africain. Il a été adopté par des représentants de plusieurs pays africains lors de la rencontre qui s'est tenue à Abuja au Nigeria en octobre 2001. Il est aussi soutenu par les principaux bailleurs de fonds dont le G8 et les institutions de Bretton de Woods. Le NEPAD dégage dix secteurs considérés comme prioritaires dans la perspective du développement durable du continent : communication, énergie, eau et assainissement, mise en valeur des ressources humaines, éducation, santé, agriculture, environnement, culture et science et technologie.
Dans le domaine précis de l'eau, les objectifs fixés concernent :
- L'amélioration de l'accès à l'eau potable
- La mise en place d'une bonne politique de planification
- La préservation de la biodiversité
- Le changement climatique
- Le développement de l'agriculture irriguée et pluviale
Seules quatre actions ont été retenues pour mettre en application les objectifs suscités :
- Le renforcement de programmes de gestion des ressources en eau déjà existants comme celui de la Communauté de Développement de l'Afrique du Sud (SADC);
- La mise sur pied d'une équipe chargée de l'étude des impacts des changements climatiques ;
- Le recours à l'initiative mondiale pour l'assainissement de l'environnement afin de promouvoir des initiatives de gestion des déchets ;
- L'appui au programme des Nations Unies sur la conservation des ressources en eau dans les villes africaines.
On ne sait pas grand chose sur les méthodes qui seront mises en œuvre pour l'application de ce programme . Il faudra attendre que les commissions techniques soient installées pour avoir une idée précise de ce qui va être fait de manière concrète. D'ores et déjà, l'on est tenté de dire à la lecture du document que le NEPAD n'innove pas beaucoup, surtout en ce qui concerne le choix des actions prioritaires à mener. En effet, dans le cas de la gestion des bassins transfrontaliers en Afrique, il existe une multitude d'organisations sous-régionales au sein desquelles des objectifs communs à plusieurs pays sont discutés. C'est le cas de la SADC pour ce qui est du bassin du Congo, de l'Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) et l'Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG) en Afrique de l'Ouest.
Egalement pour ce qui est de l'assainissement et de la gestion des questions d'assainissement en milieu urbain, les propositions vont dans le sens de l'utilisation de ce qui existe (Initiative Mondiale de l'Assainissement et Programme Habitat des Nations Unies), sans pour autant que des propositions d'amélioration soient faites.
L'autre aspect par rapport au NEPAD, non moins négligeable est celui lié aux méthodologies de mise en œuvre concrète des actions prioritaires. En effet, l'objectif d'amélioration de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, de même que l'augmentation des potentialités liées à l'activité agricole constituent certes des objectifs primaires de développement durable reconnus. Si des réserves sont émises, c'est par rapport aux outils et aux méthodes pour obtenir des résultats. En effet, " accroître l'agriculture irriguée " ne suffira pas à résorber le déficit alimentaire si les politiques n'incluent pas la préservation des ressources naturelles comme partie intégrante du développement agricole durable.
La lecture du document montre également que les aspects techniques de la gestion des ressources en eau sont traitées. La participation des populations locales et des autres acteurs comme la société civile n'est pas mentionnée. Cependant dans le chapitre consacré à la gouvernance politique et économique, les concepteurs du NEPAD soulignent les bienfaits de la bonne gouvernance comme condition de base du développement durable.
Bibliographie
Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung, 1999: Wasser- Konflikte lösen, Zukunft gestalten. BMZ, 179 pages.
Centre de suivi écologique, 1997: Plan national d'action pour l'environnement, www.cse.sn/sid/biblioth/pnae/pnae/pnae.html.
Commonwealth Knowledge Network, 1999: Managing water resources in an integrated and participatory way. Report of the first stakeholder meeting in Barbados.
United Nations of Sustainable development UNSD, (1997): Natural resource aspects of sustainable development in Senegal. UNSD country report.
Quelques informations sur le Sénégal (ndlr)
Couvrant environ 200 000 km2 la république du Sénégal est un Etat d'Afrique occidentale ouvert sur l'Atlantique. Il est situé entre 16° et 14° de latitude nord et est bordé au nord par la Mauritanie, à l'est par le Mali et au sud par les 2 Guinée
(Guinée Conakry et Guinée Bissau). La population du Sénégal est de 9 millions d'habitants dont 3 à 4 millions vivent à Dakar, la capitale. La langue officielle est le français.
Notons l'enclave constituée par la république de Gambie, de 300 km de profondeur le long du fleuve du même nom, pays du Commonwealth dont la langue officielle est l'anglais.
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